SILENCE, ÇA SHOOT – MON EXPÉRIENCE DE PHOTOGRAPHE PLATEAU
Ce tout 1er article de journal est consacré à ma première expérience professionnelle en tant que photographe de plateau pour des courts-métrages.
C’est grâce à un ami travaillant au sein d’une association de réalisation audiovisuelle cinématographique que j’ai découvert ce milieu. À l’époque je faisais de la photo en amatrice, et en tant que cinéphile, je trouvais qu’être photographe plateau me correspondait bien. N’ayant ni fait d’études de cinéma, ni de photos, ce métier est à mi-chemin entre les deux univers, et j’étais aux premières loges pour voir comment se créait un film, dans sa technique. C’était simple au sens où personne n’attendait ces photos, je n’avais donc pas de pression. J’ai proposé des prises de vue en noir & blanc et quelques-unes en couleur.
J’ai donc intégré en 2016 l’équipe de tournage de Nereida 4, un court-métrage sur les dictâtes de la beauté. J’avais décidé de privilégier le reportage d’ambiance sur le tournage, qui consiste à montrer comment l’on fabrique le film, un travail qui s’apparente plus à du reportage, ce que l’on ne voit pas à l’écran et qui retranscrit l’atmosphère spécifique d’un tournage. Les conditions étaient rudes puisque l’on se retrouvait à plus d’une vingtaine dans 30 m², sans compter les câbles, les projecteurs, et la caméra. J’ai dû apprendre la discrétion et me faire encore plus petite que je ne le suis, tout en essayant de garder un bon angle de prise de vue. Toute la frustration de la photo de plateau vient aussi de la contrainte du silence. Si tu n’as pas de silencieux, tu ne peux pas prendre de photos pendant les prises, sauf si tu es en extérieur et que le bruit environnant couvre celui de ton appareil. Je shootais donc pendant les répétitions, au moment où la réalisatrice criait « coupez », et je devais trouver le bon moment. Cela peut être assez frustrant car, pendant la scène, c’est parfois là où la photo serait la plus intense.
Deux ans après cette expérience, c’est l’équipe du tournage de Black Peace qui me contacte. Ce court-métrage en slow motion était destiné à éveiller la transmission écologique en parlant des ravages du pétrole sur le monde. Le rôle de l’avocat cruel illustre le mépris avec lequel les mauvaises décisions sont prises et entachent l’ensemble de l’humanité, en particulier les enfants, symboles de l’avenir du monde, de la pureté et de l’innocence. Sa bouche vomit alors un liquide noir et visqueux sur la petite fille qui jouait paisiblement, inconsciente du danger qui l’entoure.
Ambiance différente donc puisque les scènes que j’assistais se passaient en extérieur, l’équipe était beaucoup plus importante et je privilégiais la prise de vue dans l’optique d’une exploitation commerciale. Cette dernière vise à tirer une image résumant les scènes tournées, les condensant dans le temps, l’intensité et l’action. Une image qui correspond aux cadres fictionnels du film. Là également, il faut trouver sa place parmi ce corps professionnel. Place que le photographe de plateau n’a pas forcément puisque fondamentalement qu’il soit présent ou non, le film se fera. En revanche, à partir du moment où il est présent, il apporte son regard sur le versant d’exploitation du film et sur le reportage d’ambiance.
Si je peux encore explorer ce domaine de photographie, et en tant que grande fan de film d’horreur, j’adorerais travailler sur un tournage avec les mêmes ambiances que le film « Shining », ce cadre isolé, ces décors…. ou alors sur un clip musical comme celui-ci, avec cette couleur et cette direction photo que je trouve magnifique…
